Only if “je est un autre” Can I Recognise You: Reflections on Canada’s Process of Constitutional Recognition of the “Preexistence of Distinctive Aborignial Societies”
1 My most sincere thanks go to professor Richard Janda, for accepting to supervise me throughout this essay and for his guidance, as well as to professors Kirsten Anker and Mark Antaki, for their observations on this project in the context of the McGill Law Student Scholarly Paper Workshop 2009, to Pierrot Ross-Tremblay (PhD Candidate/Essex), for taking the time to share his thoughts with me, to Peter W. Hutchins and the team at Hutchins Caron & Associés, for the confidence and generosity they have shown towards me, Richard Lehun, for his comments, and to all those who have supported me.
Résumé
La Loi sur les Indiens institutionnalise toujours de nombreuses facettes de ce qu’est être « Indien » pour beaucoup d’individus au Canada et un changement de perspective doit être opéré. Cet essai puise dans la pensée du philosophe Theodor Adorno pour réfléchir aux tentatives de reconnaissance juridique par le Canada des individus et sociétés autochtones en vertu de l’article 35 de la Constitution. L’auteur présente la théorie de la dialectique négative d’Adorno de 1966 sur le rapport à l’altérité, à partir de l’analyse de la professeure Drucilla Cornell, afin d’identifier ce que sa pensée prescrit pour établir des rapports non-oppressants entre Autochtones et non-Autochtones et leurs gouvernements aujourd’hui. La dialectique négative est particulièrement appropriée à la tentative de reconnaissance juridique de l’existence des sociétés autochtones par le Canada, du fait de leur statut marginalisé et de leurs revendications à la spécificité. Après avoir établi un tel cadre, l’auteur souligne que des précédentes tentatives de reconnaissances se sont soldées par des échecs en raison des désaccords au niveau des valeurs impliquées et des concepts utilisés auxquels elles ont donné lieu. Le processus de signature des traités numérotés de 1871-1921 est employé comme illustration en raison de son résultat souvent décrit aujourd’hui comme coercitif et injuste en dépit du discours de négociation sur un pied d’égalité l’ayant accompagné. Les critiques contemporaines de la politique en vigueur de mise en œuvre de l’autonomie gouvernementale autochtone par des accords négociés sont également présentées, afin d’illustrer que des désaccords quant à la manière dont l’État canadien entend reconnaître les peuples autochtones persistent à ce jour. L’auteur ajoute que, du point de vue de la dialectique négative, de tels désaccords doivent nécessairement être résolus pour que des rapports moins oppressifs puissent être établis. L’auteur conclut que la dialectique négative impose à la fois de se considérer soi-même (« je est un autre ») et de considérer l’autre comme au-delà des limites de sa propre pensée. La Cour suprême a déjà reconnu que la seule perspective de la common law n’est pas suffisante pour parvenir à une réconciliation des souverainetés des Autochtones et de la Couronne en vertu de la Constitution. Le concept de common law de fiduciaire présente un véhicule juridique intéressant pour une reconfiguration plus profonde par le gouvernement canadien de son rapport avec les peuples autochtones, priorisant processus plutôt que résultats et relations plutôt que certitude. Il doit toutefois être gardé à l’esprit que la reconnaissance de ces peuples par l’État canadien par le prisme de la pensée d’Adorno présente non seulement le défi d’inclure de nouvelles perspectives, mais également de remettre en cause les prémisses fondamentales à partir desquelles on considère la communauté canadienne en général.
English
The Indian Act still institutionalises numerous facets of what it is to be “Indian” for many individuals in Canada and a change of perspective must be achieved. This essay solicits philosopher Theodor Adorno’s thought to reflect on Canada’s attempts at legal recognition of Aboriginal individuals and societies under section 35 of the Constitution. Adorno’s 1966 theory of the Negative Dialectics on the relationship with alterity is presented on the basis of commentary by Professor Drucilla Cornell, in order to identify what his prescriptions on establishing non-oppressive relationships would imply for Aboriginals and non-Aboriginals and their governments today. The Negative Dialectics is particularly relevant to Canada’s attempt at judicial recognition of the existence of Aboriginal societies, both because of their marginalised status and of their claim to specificity. Having established such a framework, the author then argues that previous attempts at recognition have been flawed by disagreements on the values involved and the concepts referred to. The 1871-1921 Numbered Treaty process is used as an illustration because of its result, today often characterised as coercive and unfair, despite the general discourse of equal-footing bargaining which has surrounded it. Contemporary critique of the current policy aimed at the implementation of self-government through negotiated agreements is also raised to illustrate that disagreement as to the way Aboriginal peoples are recognised by the Canadian State has endured. The author suggests that, from the perspective of the Negative Dialectics, such disagreements must be addressed to achieve less oppressive relationships.The author concludes that the Negative Dialectics imposes both to consider oneself (“je est un autre”) and the other as beyond the limits of our thought. The Supreme Court has already acknowledged that the sole perspective of the common law is not sufficient to achieve reconciliation of Aboriginal and Crown sovereignties under the Constitution. The common law concept of fiduciary presents an interesting legal vehicle for possible further reconfiguration by the Canadian government of its attitude towards Aboriginal peoples, prioritising process over results and relationship over certainty. Nonetheless, it must be remembered that consideration of Aboriginal peoples by the Canadian state through Adorno’s eyes not only presents the challenge of including new perspectives, but also that of questioning fundamental assumptions about the Canadian community in general.